Introduction : Quand la Fiction Déforme l’Histoire (et Pourquoi On S’en Fiche)
« Mr. Sunshine » est un chef-d’œuvre visuel et émotionnel, mais comme beaucoup de dramas historiques, il prend quelques libertés avec les faits. Certaines sont mineures, d’autres plus flagrantes – mais toutes contribuent à rendre l’histoire plus dramatique,
« Mr. Sunshine » mélange fiction et histoire : officiers coréo-américains, aristocrates tireuses d’élite… des libertés qui rendent le drama encore plus captivant.
1. Eugene Choi : Un Officier Américain d’Origine Coréenne ? Vraiment ?
L’erreur : Dans le drama, Eugene Choi (Lee Byung-hun) est un ancien esclave coréen adopté par une famille américaine, qui devient officier de l’armée des États-Unis avant de revenir en Corée. Si des Coréens ont bien émigré aux États-Unis à cette époque (notamment après l’ouverture forcée du pays en 1876), aucun n’a atteint le grade d’officier dans l’armée américaine avant le XXe siècle. Les Coréens étaient alors surtout des travailleurs migrants, souvent victimes de discriminations.
Pourquoi c’est pardonné ?
- Un symbole puissant : Eugene incarne le conflit identitaire entre deux cultures, un thème universel qui résonne bien au-delà des détails historiques.
- Un archétype du héros : Son parcours rappelle celui des personnages de westerns ou de films de guerre, où un outsider se bat pour sa patrie d’adoption avant de retourner à ses racines.
Comparaison avec l’Histoire française : Cela rappelle un peu les tirailleurs sénégalais pendant les guerres mondiales – des soldats coloniaux qui se battaient pour la France tout en subissant le racisme. Une ironie de l’histoire que le drama exploite avec brio.
2. Go Ae-shin : Une Aristocrate qui Manie le Pistolet comme une Pro ?
L’erreur : Go Ae-shin (Kim Tae-ri) est représentée comme une tireuse d’élite, capable de rivaliser avec des soldats aguerris. Pourtant, à l’époque, les femmes de la noblesse coréenne (yangban) étaient éduquées dans les arts, la poésie et la gestion du foyer, mais certainement pas dans l’art du combat. Les armes à feu étaient rares en Corée, et leur usage par une femme aurait été impensable dans la société confucéenne de Joseon.
Pourquoi c’est pardonné ?
- Une héroïne moderne : Ae-shin est un personnage féministe avant l’heure, qui défie les conventions de son époque. Son audace en fait une icône, même si elle est anachronique.
- Un clin d’œil aux résistantes réelles : Bien que les femmes n’aient pas combattu ouvertement, certaines, comme Yu Gwan-sun (une activiste pour l’indépendance), ont joué un rôle clé dans la résistance contre l’occupation japonaise. Le drama exagère, mais s’inspire d’un esprit de rébellion bien réel.
Comparaison avec l’Histoire française : On peut penser à les femmes soldates de la Révolution française (comme Rose Lacombe) ou aux espionnes de la Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale – des figures qui, elles aussi, ont brisé les codes de leur temps.
3. La Bataille de Hansan : Un Spectacle Épique… mais Anachronique
L’erreur : La scène de la bataille navale dans l’épisode 10 est visuellement stupéfiante, mais totalement inventée. À cette époque (années 1890), la Corée n’avait plus de flotte militaire digne de ce nom après les invasions japonaises du XVIe siècle. Les bateaux utilisés dans le drama ressemblent d’ailleurs plus à des navires du XVIe siècle (comme ceux de l’amiral Yi Sun-sin) qu’à ceux de la fin du XIXe siècle.
Pourquoi c’est pardonné ?
- Un hommage à l’histoire maritime coréenne : La Corée a une longue tradition de batailles navales héroïques (comme la victoire de l’amiral Yi contre les Japonais en 1592). Le drama réactive cette mémoire collective pour servir son récit.
- Un besoin de spectacle : Les scènes de bataille sont un incontournable des dramas historiques – même si elles sont parfois… créatives.
Comparaison avec l’Histoire française : C’est un peu comme si un film sur la Révolution française montrait des chevaliers en armure médiévale – anachronique, mais tellement cool à l’écran !
4. Les Costumes : Entre Tradition et Fantaisie
L’erreur : Les hanbok portés par les personnages sont trop luxueux et colorés pour l’époque. À la fin du XIXe siècle, la Corée était appauvrie par les guerres et les famines. Les vêtements auraient dû être plus sobres, surtout pour les classes populaires. De plus, les femmes mariées de la noblesse portaient des jumeoni (longues robes noires par-dessus le hanbok), absentes dans le drama.
Pourquoi c’est pardonné ?
- Une esthétique visuelle : Les costumes éclatants ajoutent au faste du drama et aident à distinguer les personnages et leurs statuts sociaux.
- Un choix artistique : Comme dans « Marie-Antoinette » de Sofia Coppola, où les robes sont volontairement anachroniques pour renforcer le côté « conte de fées », « Mr. Sunshine » utilise les couleurs pour créer une atmosphère.
Comparaison avec Versailles : À Versailles, les courtisans portaient des perruques et des habits extravagants pour afficher leur richesse. Ici, c’est la même logique : le vêtement est un langage.
5. La Romance entre Eugene et Ae-shin : Un Amour (Presque) Impossible
L’erreur : Dans la réalité, une relation entre un officier étranger et une aristocrate coréenne aurait été strictement interdite. Les mariages étaient arrangés au sein des familles yangban, et les Coréens considéraient les étrangers (surtout les Occidentaux) avec méfiance. Sans compter que Eugene, en tant qu’ancien esclave, aurait été vu comme socialement inférieur, même après son ascension aux États-Unis.
Pourquoi c’est pardonné ?
- Le cœur du drama : Cette romance interdite est le moteur émotionnel de l’histoire. Sans elle, « Mr. Sunshine » perdrait une grande partie de son charme.
- Un miroir des relations interculturelles modernes : Le couple incarne les tensions entre tradition et modernité, un thème toujours actuel.
Comparaison avec l’Histoire française : Cela rappelle les amours scandaleuses de l’histoire de France, comme celle de Madame de Staël et Benjamin Constant – une relation qui défiait les conventions de leur époque.
6. Les Japonais : Les « Méchants » un peu Trop Caricaturaux ?
L’erreur : Le drama dépeint les Japonais comme des envahisseurs unidimensionnels et cruels. Si l’occupation japonaise (1910-1945) a bien été une période sombre, les relations entre la Corée et le Japon à la fin du XIXe siècle étaient plus complexes. Certains Japonais (comme les réformateurs du mouvement pour la liberté et les droits du peuple) soutenaient même l’indépendance coréenne.
Pourquoi c’est pardonné ?
- Un besoin de clarté narrative : Dans une fiction, les « méchants » doivent être clairement identifiables pour que l’histoire fonctionne.
- Un héritage douloureux : La colonisation japonaise reste un sujet sensible en Corée. Le drama reflète la mémoire collective plus que la nuance historique.
Comparaison avec l’Histoire française : C’est un peu comme si un film français représentait tous les Allemands comme des nazis pendant la Seconde Guerre mondiale – simpliste, mais efficace pour créer un conflit dramatique.
Pourquoi Ces Erreurs ne Gâchent Pas le Drama ?
- Le Pouvoir du Storytelling : « Mr. Sunshine » n’est pas un documentaire. C’est une œuvre de fiction qui utilise l’histoire comme toile de fond pour explorer des thèmes universels : l’amour, la loyauté, la résistance et l’identité.
- L’Équilibre entre Réalité et Fiction : Le drama s’inspire de faits réels (comme la révolte paysanne de Donghak ou les premières missions diplomatiques américaines en Corée), mais les dramatise pour captiver le public.
- Un Hommage à l’Esprit de la Résistance : Même si certains détails sont inexacts, l’essentiel est là : l’héroïsme des Coréens face à l’oppression, un message qui résonne encore aujourd’hui.
Conclusion : L’Histoire n’est Pas une Science Exacte (Heureusement !)
« Mr. Sunshine » n’est pas parfait sur le plan historique, mais c’est justement ce qui en fait un chef-d’œuvre. En prenant des libertés avec les faits, le drama crée une épopée romantique et politique qui nous touche bien plus qu’un cours d’histoire.
Et vous, qu’en pensez-vous ?
- Ces erreurs vous ont-elles dérangé(e) ?
- Préférez-vous les dramas 100% fidèles à la réalité, ou ceux qui mélangent fait et fiction pour mieux nous émouvoir ?
Un dernier mot : Si « Mr. Sunshine » vous a donné envie d’en savoir plus sur la vraie histoire de la Corée à cette époque, c’est déjà une victoire. Après tout, le but d’un bon drama n’est pas seulement de divertir, mais aussi de nous faire réfléchir – même (ou surtout) quand il s’éloigne des faits.
« L’histoire appartient à ceux qui la racontent… et parfois, il vaut mieux une bonne histoire qu’une leçon d’histoire. » 😉
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